
Et soudain la pluie
Et soudain l’heure est venue
Et soudain les graines en dormance depuis des siècles se fragmentent
Et soudain le désert le plus sec devient vitrail
Et soudain le labyrinthe invisible se multiplie
Et soudain les bulbes se gonflent
Et soudain le sable ocre se lézarde
Et soudain la couleur surgit
Et soudain la terre devient étoffe
Et soudain les rhizomes enfouis tissent des nébuleuses
Et soudain la narcose du silence le plus blanc se dissipe
Et soudain la peau est envahie de sève
Et soudain le printemps dans le corps
Et soudain le mauve le jaune le bleu le blanc
Et soudain l’efflorescence
Et soudain le rythme des hanches
Et soudain la variété du mouvement
Et soudain les fleurs escaladent les cactus
Et soudain les fleurs empoignent la roche
Et soudain le phénomène secret
Et soudain il suffit de quelques gouttes
Et soudain le monde caché perce la surface
Et soudain le désir se déploie
Et soudain le désir rayonne
Et soudain la végétation folle
Et soudain des fils d’or tissent la métamorphose
Et soudain les liens arborescents s’unissent
Et soudain oiseaux insectes rongeurs lézards mangent de la lumière
Et soudain un surplus d’eau
Et soudain le souterrain parle il gueule à l’air libre
Et soudain une chaleur torride
Et soudain l’enroulement des milieux
Et soudain le souffle cathartique
Et soudain le désert s’abandonne
Et soudain l’explosion de la clarté
Et soudain la déflagration
Et soudain la dissémination
du désir
dans le désert
parution dans l’anthologie « désert-désir », éditions Folazil, 2022