cimes de corail (projet « femelle »)


monument allongé
temple paisible
forêt bourgeonnante
plancher marbré d’images prophétiques
feu planté dans le ventre
bouche contre peau
souffle imperceptible que mon cerveau fabrique
marcher sur une lune molle et chaude
sentir la caresse de l’eau se former sous les reins
pénétrer la terre creuser son lit immerger tout
visage seul hors de l’eau
je divague
barque solaire traversant les heures noires
délicatement délogée par le courant
vague remontant un ventre archaïque
accélération des éléments
l’embarcation voyage plus vite
l’aigle-hibou virevolte près de moi
me recouvre s’introduit entre mes jambes
de son bec naît pluie et feu mêlés
je m’élève vers des cimes de corail
les vagues grossissent
mon corps est un marais fantastique
où reptiles étincelants prolifèrent
et méduses arc-en-ciel caressent mes cuisses
je m’exile vers l’aurore
le tissu de la nuit craque
les lucioles frappent ma bouche
corps cousu de roseaux et plantes ligneuses
l’eau saumâtre ruisselle
l’estuaire apparaît
une brise iodée nourrit mon sang
une couche visqueuse aux reflets métalliques
m’enrobe elle craquelle
je me laisse dériver
âme en peine des tourbières
je frôle un if subaquatique
de son tronc monstre jaillissent millier de branches
elles me soulèvent me fracassent contre rochers de lave
tronçonnent ma poitrine
dépècent mon ventre
carbonisent mes
reins dévastent mon
sexe avalent mon
souffle me cognent contre la
berge
je m’effondre sur moi-même
les branches ont disparu
carcasse au pied de
l’aube naissante

texte publié dans la revue Teste, automne 2022

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