Dans mon poème, il y a Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll.
Dans mon poème, il y a Cris du Kremlin de Gabriel Garran.
Dans mon poème, il y a La Peau de chagrin de Balzac.
Dans mon poème, il y a « La mort saigne, l’amour, lui, y gagne / Déplaçons ensemble des montagnes / Toi, mon ange. Douce de campagne / Et les visions amères qui stagnent », de Gurvan Gibout, dit Lise.
Dans mon poème, il y a « Styska se mi po to be« .
Dans mon poème, il y a Billie Holiday.
Dans mon poème, il y a Gola, qui a dessiné 1000 traits et qui est retournée près de ses fils à Amsterdam, en 2013, après la mort de Michael, qu’elle avait rencontré dix ans plus tôt, dans une petite cité médiévale bretonne.
Dans mon poème, il y a Le Procès de Kafka.
Dans mon poème, il y a Sailor et Lula, de David Lynch.
Dans mon poème, il y a Pangée.
Dans mon poème, il y a Entre les côtes de Mehen, publié aux éditions Sélénites. Un livre d’artiste de 108 pages, imprimé en offset, sur papier Münken Polar 120 grammes.
Dans mon poème, il y a Jean-Louis et Marie Trintignant, interprétant Poèmes à Lou d’Apollinaire, au Théâtre de l’Atelier, à Paris, en 1999.
Dans mon poème, il y a La Barque silencieuse de Pascal Quignard.
Dans mon poème, il y a « Tu te perds à présent dans le paysage / Mais du tréfonds de moi monte ton visage / Tu étais le réel, tu n’es plus qu’un songe / Et dans le puits des jours anciens tu replonges », de Miklos Radnoti:.
Dans mon poème, il y a un exposé de français de classe de seconde, sur Bérénice de Racine.
Dans mon poème, il y a un scénario de film pornographique à destination des geeks âgés de15 à 25 ans.
Dans mon poème, il y a Journal 1918-1919 de Mireille Havet. Les feuillets ont été découverts dans un grenier, en Normandie, après l’effondrement d’un toit provoqué par une tempête. Elle écrit: « Nos vies sont des bouquets défaits sur la table. » et aussi: « A vingt ans, le monde entier vous tire par le milieu du ventre. »
Dans mon poème, il y a Le Magicien d’Oz de L. Frank Baum.
Dans mon poème, il y a « Il était une fois, deux garçons se tenaient par la main dans les rues de Hambourg« .
Dans mon poème, il y a un cours sur la philosophie de l’Histoire d’Emmanuel Kant.
Dans mon poème, il y a I’m feeling good de Nina Simone.
Dans mon poème, il y a « La mémoire est plus grande que la mer ».
Dans mon poème, il y a la musique et la voix de Lou Reed.
Dans mon poème, il y a L’Amant de Marguerite Duras.
Dans mon poème, il y a « Mes jours sont comme l’ombre qui décline et, comme l’herbe, je sèche. » (Nouveau testament)
Dans mon poème, il y a Push de Sapphire.
Dans mon poème, il y a Le Pleurer-rire d’Henri Lopes.
Dans mon poème, il y a une trentenaire qui reprend ses études en master de création littéraire au Havre, en 2014, et qui découvre ce qu’est un workshop avec Jean-Michel Espitallier.
Dans mon poème, il y a Les Fleurs du mal de Baudelaire.
Dans mon poème, il y a Chinawoman qui chante « It doesn’t matter what you create, if you have no fun« .
Dans mon poème, il y a le Livre des portes, dans lequel Râ, le dieu-soleil, traverse les contrées nocturnes de l’au-delà, le monde inférieur, celui des ombres et des esprits, accompagné d’Héqa (la Magie), Sia (la Connaissance) et le serpent Mehen (« celui qui entoure, enveloppe »). A partir de la septième heure (ou septième porte), le dieu solaire se niche entre les anneaux de son protecteur et se régénère jusqu’à la renaissance de l’aube.
Dans mon poème, il y a « Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles / La blanche Ophélia flotte comme un grand lys », de Rimbaud
Dans mon poème, il y a le plan de Prague.
Dans mon poème, il y a un rayon de soleil éternel dans un esprit immaculé.
Dans mon poème, il y a alpha, bêta, gamma, delta, epsilon, zêta, êta, thêta, iota, kappa, lambda, mu, nu, xi, omicron, pi, rhô, sigma, tau, upsilon, phi, khi, psy, oméga.
Dans mon poème, il y a « En poésie, ce qui compte ce n’est pas le sens, c’est la résonance », de Marina Tsvetaeva.
Dans mon poème, il y a un vieux dégueulasse qui picole et traite les femmes de salope.
Dans mon poème, il y a Zéphyr, un chat tigré qui aime par dessus tout se balader sur les toits et se mouler, quand il fait beau, dans une gouttière pour roupiller.
Dans mon poème, il y a le Petit livre rouge de Mao appartenant à mon père.
Dans mon poème, il y a La Science des rêves de Michel Gondry.
Dans mon poème, il y a « Je veux dormir du sommeil des pommes / Et me sentir loin du tumulte des cimetières / Je veux dormir du sommeil de cet enfant / Qui voulait s’arracher le cœur en pleine mer« , de Federico Garcia Lorca.
Dans mon poème, il y a le désespoir d’une femme qui a ses règles et qui ne supporte pas qu’on l’emmerde quand elle a ses règles. Non elle n’aime pas!
Dans mon poème, il y a les meilleures expressions de ma grand-mère.
Dans mon poème, il y a Bye bye Blondie de Virginie Despentes.
Dans mon poème, il y a « Je chemine dans les allées / Embryonnaires et végétales / De ma mémoire canopée« .
Dans mon poème, il y a Osez la sodomie de Coralie Trin Ti.
Dans mon poème, il y a « A votre souffle je picore les mots, ils viennent de tous les points du monde. Des caves, des caravanes, des ghettos. Monôme des excisions de la parole. Je les sème autant que je vous aime. Voyagent en vous le buste et la palombe. A d’autres je concède vos bribes d’ongle. Pour vous tenir entière dans ma paume » (extrait d’une correspondance avec Gabriel).
Dans mon poème, il y a une parole errante.
Dans mon poème, il y a Le Sourire barcelonais (œuvre non encore écrite).
Dans mon poème, il y a Desert d’Émilie Simon.
Dans mon poème, il y a un bébé norvégien dont les parents ont décidé de ne pas lui dire s’il était un garçon ou une fille jusqu’à l’âge de deux ans.
Dans mon poème, il y a Rémi qui a deux passions: l’Amérique latine et le street art.
Dans mon poème, il y a mon arrière-grand-père, un italien né en 1876, en Lombardie. Abandonné devant la porte d’un couvent, les sœurs qui le recueillent le baptisent Tancredi Giustinati (« juste né ») car c’est un nourrisson. Éduqué dans une « bonne famille » de Leno, près de Brescia, il portera la soutane entre 16 et 19 ans puis s’engagera en politique, au parti socialiste, contre le régime fasciste de Mussolini. Avant de s’exiler en France, en Lorraine, avec sa femme Teresa et leurs cinq enfants.
Dans mon poème, il y a Antigone de Jean Anouil.
Dans mon poème, il y a des chansons de Sixto Rodriguez.
Dans mon poème, il y a « Quel poème viendra ouvrir la fenêtre« .
Dans mon poème, il y a Réparer les vivants de Maylis de Kérangal.
Dans mon poème, il y a de la théorie des cordes, des espaces de Calabi-Yau et des mousses d’univers.
Dans mon poème, il y a « Je me promène dans les ruelles / Comme un nautile rentre en lui-même / Adamantane exploratrice / De ses intimes interstices ».
Dans mon poème, il y a une aigue-marine et une améthyste.
Dans mon poème, il y a les Vibrations de Vappu Johansson.
Dans mon poème, il y a des fragments de tessère brisée.
Dans mon poème, il y a l’or noir du soleil.
Dans mon poème, il y a Oskar et Eli.
Dans mon poème, il y a Florian, rencontré dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne. Un beau brun au regard sauvage qui a réveillé l’être mort qui encombrait mon corps.
Dans mon poème, il y a la parodie de mon poème.
Dans mon poème, il y a Suzanne, la chanson et le film.
Dans mon poème, il y a Sumballein.
Visuels dans l’ordre de lecture: scène d’Alice au Pays des Merveilles, sculpture sur livre par Su Blackwell — Pangée — représentation du dieu-serpent Mehen, Vallée des Rois, Égypte — Menstruation art par Elektra Stoffregen — Unavida par Kactus Delavida, à Buenos Aires.